Ce communiqué de la présidence de la République du Congo précise que « ce statut de membre de plein droit témoigne de l’engagement du Congo d’appartenir à un cartel ayant, entre autre missions, la fixation des quotas de production qui influe sur les prix de vente du pétrole, et ce, dans l’intérêt des pays membres. »
Sur cette base, et selon la même source, cette adhésion imminente à l’OPEP traduit la volonté du chef de l’Etat congolais, Denis Sassou-N’Guesso, de placer le Congo au rang des leaders mondiaux, porteurs de propositions dans les négociations internationales.
La démarche que vient d’engager le Congo lui confère des moyens de prendre sa table dans la définition des politiques et la prise des décisions au sein de cette organisation.
En effet, l’OPEP (Organisation des Pays producteurs et exportateurs de Pétrole), est une organisation intergouvernementale fondée à l’issue de la conférence de Bagdad le 14 septembre 1960 par l’Arabie saoudite, le Koweït, l’Irak, l’Iran et le Venezuela. C’est pourquoi, le ministre saoudien des affaires étrangères, en séjour de travail à Brazzaville, le 8 janvier 2018, a salué l’initiative du Congo d’appartenir à l’OPEP, tout en promettant l’appui de son pays à l’entrée du Congo à l’OPEP.
Force de régulation du marché pétrolier, à sa création en 1960, l’OPEP se fixe pour ambition de rééquilibrer les relations entre les pays producteurs et les compagnies pétrolières occidentales qui régissent le marché. En signant son adhésion à l’OPEP, le Congo devient le 15 pays membres, après l’Algérie, l’Angola, l’Arabie saoudite, l’Équateur, le Gabon, la Guinée équatoriale, l’Iran, l’Irak, le Koweït, la Libye, le Nigéria, le Qatar, les Émirats arabes unis et le Venezuela.
Ce qu’il faut savoir sur l’OPEP
L’organisation des pays producteurs et exportateurs de pétrole (OPEP) a pour objectif principal, l’orientation à la hausse du cours du pétrole et la maîtrise de son cycle de production. Depuis mi-2014, l’Arabie saoudite, qui a historiquement joué le rôle de « swing producer », privilégie toutefois la défense de ses parts de marché face à l’augmentation de la production américaine, dans un contexte de forte chute des cours.
Au fil des ans, l’OPEP dispose depuis 1982 d’un système de régulation de la production et du prix de vente au moyen d’un montant total de production d’environ 30 millions de barils par jour (le système des quotas de production a été arrêté en 2011). Le volume de production de chacun des membres est défini en fonction de ses réserves et ajusté en fonction des besoins des pays consommateurs. Les membres actuels de l’OPEP constituent donc un cartel de producteurs.
Après avoir limité son action à l’amélioration des recettes tirées de l’exploitation pétrolière par les pays membres, l’OPEP est devenue un interlocuteur économique majeur capable d’influer sur le prix d’une ressource stratégique. Elle est aussi, implicitement, devenue un acteur politique de premier plan, en particulier dans le cadre du conflit israélo-palestinien.
Emmenée par l’Arabie saoudite, la vision de l’OPEP est de concilier l’optimisation des revenus de ses membres et la gestion sur le terme de leurs ressources pétrolières tout en préservant la stabilité des relations et des échanges avec les pays clients.
La réalisation de cet objectif paradoxal implique un contrôle permanent sans faille des prix mondiaux du pétrole. Ce contrôle n’est toutefois pas assuré depuis la chute des cours en mi-2014 : l’Arabie saoudite a refusé à plusieurs reprises de réduire sa production, ce qui impliquerait une perte de parts de marché au profit des États-Unis, devenu premier producteur mondial grâce à l’exploitation de ses hydrocarbures non conventionnels.
La République du Congo rejoint, ainsi, l’OPEP. Elle fait partie, en somme, des 15 pays qui œuvrent à l’apogée de l’influence de l’OPEP, et partant, constituent une force de régulation des cours.
Source : APO