Aboubacar Soumah, le fougueux syndicaliste, déclencheur de ce que le gouvernement guinéen taxe de « grève sauvage », s’est longuement entretenu, en exclusivité au téléphone, avec nos confrères-partenaires de la Radio Espace FM. Une sorte d’interview-vérité dans laquelle, il nous apprend qu’il est libre et qu’il se promène librement à Conakry. Et beaucoup d’autres choses. Extraits.

«  Je me promène jour et nuit .à Conakry Je suis en bonne santé, pour le moment, je n’ai aucun mandat d’arrêt lancé contre moi, donc je me sens libre,.. « 

« Lorsque les pick-up remplis de gendarmes ont ceinturé ma maison pendant toute une nuit, ce jour-là, j’ai échappé bel et bien à l’arrestation qui était programmée par le ministre de l’éducation nationale et de l’alphabétisation, Je me suis mis à l’abri et pour une question de sécurité, mes camarades m’ont demandé de changer de lieu où passer la nuit, pour ne pas que je sois entre les mains de ces gendarmes qui ne respectent même pas les procédures normales. »

« Depuis que nous avons déposé notre avis de grève, une semaine avant le déclenchement de la grève qui a eu lieu, depuis nous n’avons pas reçu aucun contact avec les autorités de l’éducation pour une quelconque négociation. Donc, nous sommes là dans l’attente. »

« Nous sommes soucieux de ce qui se passe sur le terrain, tous ces dégâts, ces morts, ces viols, nous en sommes soucieux. Mais c’est la responsabilité des autorités administratives…face à l’avis que nous avions déposé et qui ont affiché leur incompétence notoire, du fait que jusqu’à présent, ils n’ont pas pu gérer la situation. Ils n’ont pas pu nous appeler pour trouver la solution, alors que nous nous sommes disponibles à une négociation, c’est pour cela que nous avions respecté la procédure requise pour le déclenchement d’un mouvement de grève. Nous avions déposé au niveau des départements de dialogue, à savoir les 3 départements du système éducatif, de la fonction publique, le ministère du travail et l’Inspection générale du travail. C’est la procédure normale, je ne vois vraiment pas en quoi notre mouvement est sauvage ou illégal ? Alors c’est à eux de le démontrer !

« Selon la loi guinéenne et les conventions internationales, c’est la seule procédure ! C’est quand elle est violée quand parle de « grève sauvage » ! Nous avions touché officiellement les autorités. »

« De nos jours, ni le premier ministre ni les ministres qui étaient là, ne pouvaient résoudre ce problème, ne pouvaient prendre une décision financière, parce que le chef de l’Etat était là. Par le passé, avec toutes les négociations, dès qu’il y a blocage, on nous demande de nous référer au chef de l’Etat. C’est toujours lui qui a le dernier mot par rapport aux questions financières. Je pense que s’ils ne nous ont pas fait appel, en l’absence du chef, c’était impossible. »

« Vous savez, nous avons déposé au niveau du gouvernement une plateforme revendicative contenant trois points. Nous sommes très soucieux aujourd’hui du fait que les enfants ne sont pas en classe, le problème que nous avons, est qu’il faudrait que ces enfants comprennent que les enseignants souffrent énormément. Les. On ne considère pas les enseignants salaires que nous percevons sont insuffisants… Nous voulons vraiment changer cette fois-ci cette donne-là. Nous voulons être satisfaits. Si nos points de revendication ne sont pas satisfaits, le mot d’ordre de grève reste maintenu ».

Interview exclusive de la Radio Espace FM

Décryptée par Momo Soumah pour JMI