L’assassinat du journaliste Koula Diallo, le 5 février 2016, avait fait naitre au sein de la presse guinéenne un mouvement de solidarité transversale. La presse guinéenne dans son ensemble était atterrée, choquée et révoltée par le meurtre d’un jeune journaliste dans l’exercice de son métier.

Près de 3 ans après, le meurtre reste non élucidé, tandis que le mouvement de solidarité des medias né autour cette affaire, semble s’être presque totalement évanoui au fil des jours, des semaines, des mois et des ans.

Les associations de presse en ligne qui avaient promis de se porter partie civile lors du procès, n’ont pas tenu leur promesse ; pire même son ancien employeur semble désormais fuir sa responsabilité morale vis-à-vis  du disparu, a dénoncé chez nos confrères de Mosaïque Guinée, Alpha Bacar Bah, le chargé de communication de l’UFDG, qui regrette que les politiques se soient emparés de cette affaire.

 « Le procès est ouvert le 31 juillet 2017 et malheureusement, tous ces médias et toutes ces associations de presse, qui se sont indignés le jour de l’assassinat et après, personne ne s’est porté partie civile. La seule partie civile qu’il y a là-bas, c’est Bah Oury. Malgré l’annonce qu’elles avaient faite, de se porter partie civile, les associations de presse ne sont pas présentes. Lorsqu’il y a audience, toute la presse est présente, mais c’est pour couvrir ce que dit Bah Oury. Son employeur, censé être le premier à être là-bas qui s’est acharné contre moi comme je l’ai dénoncé, il n’y est jamais présent. Jamais, on n’a vu Ibrahima Sory Traoré là-bas, malgré toutes ses larmes ! » s’insurge Alpha Bacar Bah.

Selon lui, ce sont toutes ces questions qui mettent en doute la sincérité des uns et des autres, la sincérité de ce procès et l’objectif même de cet assassinat. « Le procès a complètement dévié. Bah Oury ne devait pas être partie civile dans cette affaire. Dans l’affaire Koula, c’est soit la famille de Koula, soient les associations de presse soit l’employeur de Koula ou encore la société civile. Mais pas celui qui est directement concerné et qui est accusé même d’être coupable… », regrette-t-il.

 « On ne peut pas faire une jonction jusqu’à ce qu’un suspect soit transformé en partie civile. Lorsqu’on lui demande, il ne parle que de lui, c’est choquant, on ne parle pas de Koula dans cette affaire. On parle de Koula comme un ‘’dommage collatéral’’, comme quelqu’un qui était à une place malheureuse. L’aspect Koula est totalement noyé. Même dans la presse, on ne parle plus de Koula dans ce procès.»

Ces propos bien que provenant d’un homme politique qui, pour une fois, dit quelque chose de sensé et qui ne semble pas guidé par l’instinct politique sont d’une terrifiante vérité pour la corporation. C’est presque une honte pour la presse guinéenne, une démission totale, un manque de solidarité.

Mamadou Aliou DIALLO pour JMI

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