Nimba, c’est l’altération linguistique du nom « N’Demba » ou « la Déesse de la fécondité », un masque-sculpture de l’ethnie Baga du littoral de la République de Guinée, dans les villes de Boffa et Boké. Cette altération en fait l’homonyme du mont Nimba avec ses 1752 m d’altitude, le point culminant de l’Afrique de l’Ouest
Il est dans la cosmogonie de cette région, tour à tour ‘’Déesse de la protection, de la fertilité et de la prospérité’’ ou objet par excellence de la danse, avec des vertus de générosité divine.
Nimba est masque par ce qu’il est destiné à dissimuler, représenter ou imiter un visage de femme. Il est porté sur les épaules et participe ainsi solennellement à de nombreuses fonctions sociales, notamment les mariages, camps initiatique, moissons, funérailles des notables, et autres selon différents espaces et périodes.
Nimba est sculpture car il est réalisé dans du bois d’ébène avec des formes, du volume et des reliefs issus du génie artistique guinéen.
Nimba est pareil au ‘’héraut’’ dont le rôle est de porter des messages importants au cours d’importantes cérémonies. Il préside ou accompagne toutes ces événements en déesse de la fécondité au sens pluriel du terme. Au propre comme au figuré.
Dans la tradition Baga : « Quand une femme a des soucis de faire un enfant, on l’envoie chez le Nimba. Là, elle se prosterne en touchant le Nimba. Généralement elle est récompensée par une conception dans un bref délai ».
La petite histoire retient qu’en 1960, un masque Nimba avait été offert au président Ahmed Sékou Touré. « Ce masque, a été dérobé. C’est lors d’une foire à Tokyo que le président retrouvera cet objet d’art exposé dans un stand. Le masque Nimba avait eu le premier prix de cette rencontre internationale. Il a été photographié, filmé et publié dans les journaux.»

Le Nimba est une des « oeuvres-stars » du Museum d’Histoire Naturelle de France, où il est présenté comme suit:  » Ce masque de déesse Nimba a été rapporté d’une expédition en Afrique par Henri Labouret. Il l’aurait trouvé en 1932. Henri Labouret était un ancien administrateur des colonies, professeur en langues orientales, né en 1878 à Laon, dans l’Aisne, et mort à Paris en 1959. Il a participé à de nombreuses missions ethnologiques, notamment sur le littoral de la Guinée. C’est l’un des pionniers de la nouvelle ethnographie au début du XXe siècle. (…) Cette sculpture est entrée dans les collections du musée en 1938 suite à une dotation ». 

Nimba est aujourd’hui incontestablement l’objet plastique du patrimoine national le plus connu et reproduit en Guinée. Il est dessiné avec différents styles et apparait entre autres comme logos de la Banque Centrale, du Musée national, de diverses ONG et Startups, de même qu’il figure majestueusement sur le billet de 5000 Francs guinéens ! Un clin d’œil certain à la prospérité dont il est aussi le symbole chez les Bagas. Il trône désormais juste derrière le Palais du Peuple, juste à l’orée de la presqu’île du Kaloum, siège de la présidence guinéenne.
Le 30 septembre 2017, un Nimba géant a été officiellement offert par le patronat guinéen à la Confédération Générale des Entreprises Ivoiriennes, comme symbole de la volonté des hommes d’affaires guinéens d’entretenir avec leurs homologues des relations fécondes à l’image du Nimba, ce masque-sculpture tutélaire, pour le développement respectif de leurs deux pays.
Justin MOREL Junior pour JMI

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19 janvier 2006