La recherche de la paix en Libye fait l’objet de plusieurs initiatives. Les occidentaux, les africains et la ligue arabe se disputent le leadership dans la résolution tant attendue, par le peuple libyen, de cette crise qui n’a que trop durée. Mais, la méthode française semble susciter le doute sur le vrai rôle que veut jouer ce pays dans ce processus.
Les Africains qui sont les premiers concernés par l’instabilité en Libye, se sont engagés, face à l’enlisement de la situation, à reprendre l’initiative, en mettant en place un Comité des chefs d’Etat sur la crise en Lybie.
Le mode opératoire du comité
Composé de 10 chefs d’Etat, dirigé par le président congolais, Denis Sassou N’Guesso, ce comité dit de haut niveau sur la crise libyenne cumule à son actif, plusieurs rencontres avec et entre les différents protagonistes de la crise en Libye. Son mode opératoire consiste à privilégier une solution politique qui s’appuie sur le dialogue entre les différentes parties libyennes.
La profondeur du mal libyen recommande évidemment beaucoup de tact et de patience dans le rapprochement des positions des uns et des autres, surtout que les intérêts économiques et géostratégiques des grands puissances, les mêmes qui ont conduit la Libye dans le chaos actuel, sont en jeu.
L’activisme des grandes puissances
C’est ainsi que l’activisme de ces grandes puissances pourrait se comprendre. En ce sens, chacune d’elles ne voudrait pas être absente dans ce dossier. Cependant, il se pose un réel problème de coordination de l’action. Car, la multitude d’initiatives dans un même dossier laisse apparaître quelque peu le désordre. Si tant il est vrai que l’objectif visé est le même, à savoir le retour de la stabilité et de la paix en Libye, il apparaît difficile de comprendre pourquoi les différents acteurs ne peuvent pas adopter une démarche collégiale derrière l’Union Africaine.
En effet, les démarches parallèles laissent transparaître plutôt des objectifs inavoués, notamment de la part des occidentaux, dont la France qui s’est arrogée le beau rôle en organisant, en juillet dernier, un sommet unilatéral en terre française sur la Libye, à la surprise générale.
La France, l’Angleterre et les USA
En principe, personne ne reprocherait à la France le fait de jouer un rôle dans la recherche des solutions pour le retour de la paix en Libye. Car, personne n’oublie que la France est, avec l’Angleterre, les deux pays occidentaux qui ont conduit la Libye dans la situation actuelle. Donc, si la France veut assurer, même si c’est tard, «le service après vente », ce n’est que par devoir de responsabilité.
Mais, ce devoir, s’il en a vraiment conscience, ne peut pas justifier que le nouveau régime au pouvoir en France ignore l’Union Africaine et même, les Nations Unies dans sa quête de vouloir s’affirmer comme acteur solitaire dans la réparation du tort causé à la Libye par son pays.
L’UA avait déjà choisi la voie pacifique
Bien au contraire, ce rôle impose aussi un devoir de mémoire. Ce grand pays doit se souvenir, en effet, que l’Union Africaine avait déjà choisi la voie pacifique pour sortir la Libye de la crise qu’elle traversait, quand, toute puissante, la France avait opté pour la méthode forte en bombardant la Libye, sans même attendre que la délégation des chefs d’Etat africains dépêchée sur le terrain par l’UA ait effectué sa mission. La France avait alors, magistralement, ignoré l’Union Africaine, comme l’a encore fait le nouveau président français, en juillet 2017.
Comme si cela ne suffisait pas, alors que l’Union Africaine, à travers son comité de haut niveau, poursuit la mise en œuvre de sa feuille de route, la France engage un démarche qui laisse tout le monde dubitatif sur le vrai rôle de ce pays dans ce dossier.
La visite du ministre français des affaires étrangères en Libye, à quelques jours de la réunion du comité de haut de l’UA, prévue à Brazzaville le 09 septembre laisse interrogateurs plus d’un observateur. Jean-Yves Le Drian était le lundi 4 septembre, à Tripoli mais aussi à Tobrouq, siège du parlement ainsi qu’à Benghazi et Misrata où il a multiplié les rencontres avec différentes personnalités du pays. Certes, pour lui, l’«objectif, c’est bien la stabilisation de la Libye…». Mais, cela ne suffirait pas pour considérer naïvement qu’il s’agit d’une simple coïncidence de calendrier.
On attendait que la France prenne la tête des pays occidentaux décidés à réparer le tort qu’ils ont causé à la Libye. Il est triste de constater que ce pays veut, en solitaire, user de sa puissance pour torpiller les efforts de l’Union Africaine qui tient, aujourd’hui, à ramener la paix, là où elle a imposé la guerre.
MIATOLOKA Boryce Agapyth pour JMI
Correspondant particulier de JMI au Congo
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