S.E Monsieur Lansana Kouyaté était l’invité de la Radio Libre Opinion  animée par Macka Baldé le samedi 15 Avril 2017 à Paris

Plusieurs questions ont été posées par les auditeurs mais l’une d’entre elles a particulièrement attiré les attentions,  le président du PE.D.N  a clarifié cette question qui taraude les esprits depuis le limogeage de son gouvernement de consensus le 03 Janvier 2008 d’un homme qu’il appréciait beaucoup, son ancien ministre de communication Monsieur Justin Morel Junior. Une réponse inédite de Monsieur Kouyaté à la question qu’il trouve parfois empoisonnante.

L’auditeur  6907 Monsieur Diallo Abdoulaye de Paris : J’aimerais savoir lorsqu’il était premier ministre en 2007 toute la population guinéenne a applaudi l’arrivée de Monsieur Lansana Kouyaté comme premier ministre chef du gouvernement, comme il avait l’ambition de travailler pour tous les guinéens et lorsque Justin Morel Junior a été limogé, pourquoi il ne s’est pas manifesté ?

Monsieur Lansana Kouyaté : Ecoutez Mr Diallo, c’est une question qui se pose généralement, je vous vais dire ceci : Parmi les 19 ministres  qui ont été nommés, vous comprendrez d’abord qu’il n’y avait aucun ancien ministre, aucun, ça ne s’est pas fait aussi facilement mais le ministre qui a été le plus difficile à nommer de par ma volonté et par la volonté du président Lansana Conté, était Justin MorelJunior. Le président Conté  avait dit au départ non, il a fallu beaucoup, beaucoup d’explication, beaucoup de pédagogie, mais beaucoup de ténacité de ma part pour que Justin Morel Junior soit mis là mais il n’était pas en Guinée, il travaillait pour l’UNICEF en Afrique Centrale, je l’ai appelé, parce que j’étais sûr de sa  compétence, de sa qualité, de son intégrité morale, je l’ai appelé et je lui ai demandé, il ne savait pas et je ne l’ai jamais dit ce qui s’est passé comme opposition du président Conté, mais je lui ai dit s’il aimerait venir parce que j’ai demandé à chacun de mes ministres, je n’ai nommé personne sans lui demander son accord, ça c’était aussi pour couper avec une habitude, c’est dans la rue que tu apprenais que tu étais ministre et c’est dans la rue tu apprenais que tu étais renvoyé. Un ministre, on doit lui demander s’il veut l’être ou pas, il a accepté, il est venu. On formait un gouvernement de 19 ministres.

D’abord, je voudrais rappeler que l’accord pour lequel j’ai été choisi parmi les autres dont les noms ont été donnés au président, dans cet accord signé par les institutions républicaines, l’assemblée nationale notamment et les syndicats, la société civile et le gouvernement d’alors, il était dit que si le premier ministre quitte, tous les ministres doivent quitter ça c’est dit dans l’accord mais il n’était pas dit quand un ministre quitte, le premier ministre doit quitter, c’était l’inverse qui était exprimé dans cet accord , lorsque j’ai quitté les ministres ne sont pas restés ? Ils sont restés, moi je n’en ai pas fait un problème,  l’accord a été violé là, reprenez l’accord, lisez, vous trouverez qu’on a dit quand le premier ministre part, tous les membres du gouvernement partent et ils ne sont pas dans le gouvernement qui suit, c’est bien dit mais malheureusement en Guinée on fait marcher toujours les choses sur la tête. Justin Morel Junior,  on peut en parler !

On était vers la fin de l’année 2007. La cabale qui avait eu contre ce gouvernement a commencé par une chose simple, j’ai demandé qu’on aille présenter mes vœux au président le 31 au lieu d’attendre le lendemain, ce que le président a accepté. Je suis allé avec tout le gouvernement, nous avons présenté les vœux et ce jour il n’y a pas ce que le président Conté n’a pas exprimé comme félicitation à ce gouvernement qui fait le travail qu’il souhaite pour la Guinée, les prix sont devenus bas grâce aux efforts de ce gouvernement, nous sommes en train  de faire ceci,  qu’il a commencé lui-même à citer tout ce qui avaient été faits déjà qu’il s’agisse des lampadaires, qu’il s’agisse des bus, qu’il s’agisse des traversés entre Conakry et les villes de Los, etc.…  les 33 milles jeunes recrutés dans la fonction publique, les 700 pèlerins qui n’étaient pas partis l’année précédente parce que le fonds a été détourné et on a pu régler, etc.…,  c’était même flatteur pour nous, parce que il nous a démontré qu’il avait confiance, le même jour l’après midi lorsque je suis venu le voir, parce qu’il m’a appelé que je devrais aller présider au cocktail qui devrait se passer  aux cases de Bellevue. Je suis avec lui quand le secrétaire général  du gouvernement est venu avec un projet de discours qui lui a donné, il a lu le projet, il l’a froissé et il l’a jeté, il a dit au secrétaire général : «  Je ne prononce pas ce discours », c’est moi qui ai ramassé ce discours, je ne l’ai pas lu, mais je l’ai donné au secrétaire général en lui disant, je ne suis pas censé faire un discours pour le président,  ce n’est pas le travail d’un premier ministre, c’est le travail de son secrétaire général mais ce discours là je ne sais le contenu mais le président n’en veut pas, et cette fois ci quand  tu auras fait le discours, vient me le montrer que je le lise avant que tu le donnes pour qu’il n’y ait pas un autre rejet. Le soir je suis allé aux cases de Bellevue, eh beh nos chers ennemis autour du président, ont forcé le président malgré son état de santé qui était à l’évidence défaillant, ils l’ont emmené là bas, nous sommes tous partis aux cases de Bellevue, ce jour où c’était la rencontre de tous les frustrés. La trentaine de ministres qui avait été renvoyé par moi, tout ceux qui avaient été enlevés à leurs postes comme préfets beaucoup était là, parce qu’ils pensaient que le 1er Janvier ne devrait pas trouver Lansana Kouyaté comme premier ministre…. Après donc la cérémonie aux cases de Bellevue j’ai convié les ministres de mon gouvernement à un petit repas, c’était à Koba, nous sommes partis, on a fait, on a continué là bas, j’ai demandé à deux ministres de rester en ville, Justin Morel Junior parce que l’information devrait circuler, et Baidy Aribot ministre de la jeunesse, j’ai demandé à l’un et à l’autre d’organiser des bals populaires, des gens sont pauvres, tous les guinéens ne peuvent pas avoir les moyens d’aller s’amuser mais ils n’ont qu’à mettre les orchestres un peu partout à travers la ville et que les jeunes viennent s’amuser donc les deux sont restés, tous les autres sont venus avec moi à Koba, ça c’est très bien passé, je crois que c’est l’une des fêtes de fin d’année qui a été la plus merveilleusement bien préparée.

Le matin, le lendemain on m’appelle qu’il y a un message qui circule et qu’on affecte ce discours au président de la république et que ce gouvernement est un gouvernement incapable qui divise le peuple et pititi patata, tout le contraire de ce que le président avait dit, j’ai appelé immédiatement un conseil extraordinaire de ministres qui s’est tenu dans mon bureau, je leur ai dit ceci qu’il est hors de question de laisser accréditer cette idée parce que vous vous étiez présent avec moi  chez le président, ce qu’il a dit, est-ce qu’il peut dire en 24 heures dire le contraire ? Ils ont répondu non, j’ai dit donc je vais aller voir le président et après je ferai un communiqué pour que les gens sachent que ce discours n’est pas du président de la république, j’ai demandé à Justin Morel Junior de faire un communiqué, je lui ai dit de mettre communiqué du Premier Ministre, les autres membres du gouvernement ont dit M. le Premier Ministre, il est mieux de mettre communiqué du gouvernement, j’ai dit non, ce n’est pas un communiqué du gouvernement, je ne veux pas vous engager dans ce que je ne perçois pas comme positif, parce que ces gens ont un vénin et je ne veux pas que ça vous touche, c’est le communiqué du Premier Ministre. Et c’est moi qui ai dicté à Justin Morel Junior  mot pour moi, phrase pour phrase ce qui était mis là-dedans, c’était le même soir, je crois c’était le lendemain que le président m’a envoyé chercher par le colonel Donzo. Si vous le connaissez vous pouvez lui demander, il dit que le président a besoin de moi, je viens sans me douter de quoi que ce soit alors que c’était une grande conspiration. Vous me faites revenir sur ça, je n’aime pas broyer du noir, je n’aime pas revenir sur le passé, la Guinée a un avenir qu’il faut ….,  Je rentrerai dans les détails, parce que c’est empoisonnante comme question, chaque fois c’est comme si les gens affirmaient que je l’ai laissé, c’est archi-faux, je le dis c’est archi-faux, on est venu, je suis venu à cette réunion, il y avaient les chefs d’Etat major, le directeur de la police nationale, ils avaient dit au président que je voulais le renverser cette nuit là et je savais le danger qui était derrière, c’est entre temps que le chef du protocole est rentré en transe pour dire: « Monsieur le président Justin Morel Junior est en train de dire que vous n’avez pas prononcé ce discours » Le président dit :  « Appelez-le »  J’ai dit au président vous l’appelez pourquoi ? J’ai dit au directeur du protocole, vous avez écouté à la radio, Justin Morel Junior a dit communiqué de Justin Morel Junior, ou communiqué du gouvernement ou communiqué du Premier Ministre ? Il a répondu et il a dit « communiqué du Premier Ministre ». J’ai dit alors le Premier Ministre est devant vous, pourquoi vous allez appeler Justin Morel Junior ?  Si c’est pour l’appeler et l’emprisonner, prenez moi, enfermez moi, c’est mon communiqué. Justin Morel Junior  n’a rien inventé, je lui ai dit ce qu’il a écrit. C’est ainsi  Justin Morel Junior  est resté, il n’est pas venu. On a continué le débat ainsi. Bref, ça c’est terminé sur une note où le président lui-même a compris que ce qu’on lui a dit était faux, et qu’il n’y avait aucun plan de renversement, mais la Guinée est ainsi faite. Ce jour là, ils auraient voulu avoir ma tête sur un piquet.  Après je quitte, les mêmes continuent, Justin Morel Junior  est remplacé sans mon avis par Issa Condé. Quand il a été remplacé, j’ai dit que je ne m’assiérai pas à la même table que ce Monsieur, parce qu’il a été illégalement nommé, même si c’est le président qui nomme mais la moindre des choses c’est de consulter le Premier Ministre, un mois durant le conseil de ministres ne s’est pas tenu parce que je tenais à Justin Morel Junior, parce que je refusais absolument son remplacement, combien de lettres que j’ai reçues qui m’appelaient à la raison pour me dire si ça continue et que si le gouvernement ne siège pas, finalement tout ce que vous êtes venu faire ici pour régler et ramener la paix tout cela va s’effilocher,  tout ce qui sont venus me demander pour recevoir Issa Condé(le remplaçant de Justin Morel Junior ) j’ai refusé, cela a duré combien de mois ? Pour Justin Morel Junior. Alors que moi j’ai été enlevé, des ministres ont été gardés, ce qui était interdit par les accords, j’ai fait pour Justin Morel Junior ce qu’il fallait faire, mais je ne pouvais aller au-delà sans emmener encore des  tensions qui avaient  coûté cher au pays.

Source: http://www.pedn-france.org/qui-en-voulait-a-justin-morel-junior-en-2007/