Du 9 au 13 avril 2017, la Directrice exécutive du Comité national suisse pour l’UNICEF, Madame Elsbeth Muller, a séjourné en Guinée. Elle s’est rendue successivement à Kindia et Mamou, après s’être entretenue avec les autorités nationales à Conakry. Dans les deux préfectures visitées, la Directrice a eu l’occasion de rencontrer les communautés à la base, pour discuter avec elles de leur lutte contre les mutilations génitales féminines, dans le cadre du respect des droits de l’Enfant. Interview exclusive.
Justin MOREL Junior : Madame Elsbeth Muller, vous arrivez en Guinée pour la première fois, quelle est donc la motivation profonde de votre mission en Guinée ?
Elsbeth MULLER : Cette mission est entreprise pour voir directement sur le terrain, les programmes que le Comité Suisse pour l’UNICEF supporte ces années dernières. C’est l’occasion de discuter les programmes futurs, d’ajuster peut-être les stratégies et de voir l’avenir autrement. Alors, c’est pour moi une opportunité de visiter les acteurs des programmes, de discuter les résultats, d’analyser les progrès et d’avoir une réelle image de la situation guinéenne.
JMJ : De quoi aviez-vous parlé avec les autorités que vous avez rencontré à Conakry, puis à Kindia et à Mamou?
EM : Des priorités des programmes que nous soutenons. Par exemple la lutte contre les mutilations génitales féminines. Il est important pour moi de voir l’engagement au niveau des autorités, pour comprendre la dynamique au niveau national, au niveau régional et surtout communal. A Conakry, j’ai rencontré la ministre de l’Action Sociale, de la promotion féminine et de l’enfance, le Secrétaire Général des Affaires religieuses, et j’ai réalisé que ces personnalités sont très engagées, que toutes soutiennent nos interventions et sont convaincues que la protection des enfants et des femmes, est prioritaire pour le pays.
JMJ : Vous avez aussi rencontré à Kindia comme à Mamou les communautés, à la base, dans les villages… Quelles différences ?
EM : C’est la même chose pour moi, c’était important, c’était intéressant de discuter avec les personnes qui s’engagent au niveau de la communauté, j’ai compris que toutes ces personnes sont dans la dynamique de lutte contre les MGF. Elles ont aussi les connaissances utiles à leur engagement. J’ai compris aussi que les Maires et les ONG ont la volonté de travailler ensemble. Cela me donne le sentiment profond, qu’on a fait les premières étapes. Après j’ai participé à la déclaration d’abandon et aux signatures solennelles. Désormais, il faudra suivre et aider les différents groupes de la communauté, pour continuer à respecter les promesses faites.
JMJ : Maintenant que vous avez visité la Guinée, que vous êtes allée sur le terrain, quels liens allez-vous faire avec le prochain programme, en ce qui concerne l’intervention de la Suisse ?
EM : D’abord, j’aimerais vous sachiez que ce n’est pas seulement en Guinée que nous appuyons la lutte contre les MGF. Nous intervenons aussi en Somalie, au Soudan, au Burkina Faso et dans d’autres pays. Ce que j’apprécie dans ce support au programme en Guinée, c’est le lien intelligent fait entre la sensibilisation, la communication et le système de protection régional, communal, et autres. Mais ce que j’ai vu me permet de dire qu’il sera indispensable pour les programmes, d’ajuster les interventions stratégiques pour impliquer davantage les pères, les mères et les enfants, car tout dépend de l’entente de la famille entière; cette dynamique est intéressante. Pour moi c’est une autre chose d’apprécier la dynamique dans une commune, car la décision d’exciser ou non dépend aussi de la dynamique dans les communautés, mais pas seulement dans les familles, c’est très important pour moi d’inclure ces acteurs, sans oublier les leaders religieux. J’en ai un peu discuté avec les leaders religieux.
JMJ : Quelle image du pays emportez-vous, à l’issue de votre première visite ?
EM : Ah ! La Guinée est un pays avec des personnes engagées, enthousiastes. Un beau pays, qui a beaucoup de talents. Faire des programmes ici, c’est un défi. Mais ce pays qui a su se relever d’Ebola, a une admirable capacité de résilience. Je suis sûr que le Comite Suisse pour l’UNICEF va soutenir certains des changements envisagés, parce que je suis convaincue que le pays a un futur prometteur avec des femmes, des enfants protégés pour contribuer au développement de la société guinéenne.
Propos recueillis par JMJ