Le rapport de la Banque Mondiale, intitulé Africa’s Pulse, analysant l’état des économies africaines, publié ce mercredi 19 avril 2017, à Washington, propose des réformes en profondeur pour aller vers une croissance économique durable. Les experts de la Banque Mondiale les ont présentées au cours d’une visioconférence.
Africa’s Pulse, dans sa nouvelle édition, montre des signes de reprise et la croissance devrait y atteindre 2,6 % en 2017. Cette reprise reste néanmoins faible, et la croissance économique ne devrait se situer que légèrement au-dessus de la croissance démographique, soit un rythme qui entrave les efforts en faveur de l’emploi et de la réduction de la pauvreté.
Les perspectives économiques mondiales s’améliorent et devraient favoriser la reprise dans la région-Afrique. Il ressort de ce rapport que la croissance globale du continent devrait passer à 3,2 % en 2018 et à 3,5 % en 2019, reflétant ainsi la reprise dans les principales puissances économiques. La croissance demeurera atone dans les pays exportateurs de pétrole, alors qu’elle devrait repartir modestement dans les pays exportateurs de métaux.
La croissance du PIB dans les pays dont les économies sont moins tributaires des matières premières devrait rester forte, soutenue par les investissements dans les infrastructures, des secteurs de services résilients et le redressement de la production agricole. C’est notamment le cas en Éthiopie, au Sénégal et en Tanzanie.
Les risques associés à ces perspectives pour l’Afrique tiennent au durcissement plus important que prévu des conditions de financement sur les marchés mondiaux, à une amélioration moins franche des prix des matières premières et à une montée du protectionnisme. Sur le plan intérieur, les risques pour la reprise actuelle sont liés au rythme inadéquat des réformes, à l’accroissement des menaces de sécurité et à un climat d’incertitude politique avant les élections dans certains pays.
Garder le cap sur les réformes macro-économique
Il est urgent de procéder à des ajustements budgétaires. Pour une reprise plus forte, il est question de protéger les conditions propices à l’investissement dans les pays d’Afrique subsaharienne. Albert G. Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique, soutient dans ce contexte : « Nous devons mettre en œuvre des réformes qui augmentent la productivité des travailleurs africains et créer un environnement macroéconomique stable. Des emplois plus productifs et de meilleure qualité contribuent à lutter contre la pauvreté sur le continent. »
Les réformes à apporter, afin d’améliorer la croissance, doivent intervenir, entre autres, dans le système de passation des marchés dans les infrastructures, en injectant plus de transparence et de compétition, dans le dessein de réduire les métropoles qui font que l’infrastructure soit en Afrique.
Par ailleurs, il faut renforcer les capacités des administrations à sélectionner les projets, les mettre œuvre, bien les analyser avant de prendre la décision d’y investir.
En outre, un effort de politique devrait se faire pour bâtir le coussin de sécurité nécessaire d’affronter la crise. A titre illustratif, il est indispensable, à l’importation d’un produit, mieux une matière première dont le prix est volatile sur le marché international, de constituer un coussin de sécurité, pour pouvoir mettre en œuvre une politique contre cyclique. Il est donc important de prendre en compte la volatilité des prix des matières premières dans les politiques économiques.
Par conséquent, fait constater l’économiste de la Banque Mondiale, il faut aller vers l’ajustement fiscal, pour les pays concernés par cette situation de volatilité des prix des matières premières. Il faut ajuster sur le plan fiscal pour garantir la stabilité macro-économique. Ajuster fait intervenir trois choses : primo, il faut limiter les dépenses inutiles, secundo, améliorer la qualité des dépenses nécessaires, tertio, lever plus de revenus pour pouvoir assurer les fonctions régaliennes de l’Etat, y compris investir dans l’infrastructure qui est complémentaire à l’investissement privé.
Au-delà de tout cela, il est fondamental, poursuit l’économiste de la Banque Mondiale, au cours de cette visio-conférence, d’avoir un œil sur l’endettement. Parce qu’actuellement il y a des pays africains dont le taux d’endettement dépassent 100% du PIB. En ce sens qu’il existe en Afrique des pays qui ont doublé leur taux d’endettement en 5 ans.
En somme, il s’agit de continuer à investir, sans compromettre la soutenabilité de la dette. Comment investir sans détériorer la stabilité de la dette ? Il faut promouvoir les partenariats public-privé. Ces pays doivent utilisés les ressources domestiques comme leviers pour attirer les capitaux domestiques étrangers et privés afin de continuer à investir dans la durée.
Il ne faut jamais s’arrêter à reformer le cadre macro-économique, pour éviter de désagréger l’économie, pouvait marteler Albert G. Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique, tout en recommandant aux gouvernements subsahariens de « garder le cap sur les reformes macro-économique, en s’assurant sur l’efficacité des dépenses macro-économiques, de bien prioriser les dépenses, prioriser les dépenses en capital humain, créer un cadre réglementaire pour la diversification des économies africaines. » Ce n’est qu’à ce prix que l’Afrique pourra saisir la 4ème révolution industrielle.
Il faut conclure
« Avec des taux de pauvreté qui restent élevés, il est impératif de renouer avec la dynamique de croissance », prévient Punam Chuhan-Pole, économiste principal à la Banque mondiale et auteur du rapport. « La croissance doit être plus inclusive et nécessitera de s’attaquer au ralentissement de l’investissement et aux coûts logistiques élevés des échanges qui nuisent à la compétitivité. »
Dans l’ensemble, le rapport appelle à la mise en œuvre urgente de réformes visant à améliorer les institutions qui promeuvent la croissance du secteur privé, développer les marchés financiers locaux, améliorer les infrastructures et renforcer la mobilisation des ressources intérieures.
Au demeurant, le vœu de la Banque Mondiale, en jouant le rôle de conseil des gouvernements, serait celui de commencer à mesurer le taux de croissance par tête d’habitant, c‘est-à-dire au-delà de 7%, puisque le poids démographique est important.
MIATOLOKA Boryce Agapyth
Correspondant de JMI au Congo
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