Donald Trump a fait payer à Bachar el-Assad l’attaque chimique de mardi dernier contre la population syrienne. Mais l’indignation, même appuyée par une démonstration de force, ne fait pas une politique.
On se demandait comment réagirait Donald Trump à sa première crise internationale. La nuit dernière, en ordonnant le bombardement de la base aérienne en Syrie d’où seraient partis les avions qui ont mené l’attaque chimique mardi, le président a apporté une réponse cinglante.
Une semaine après avoir renoncé à demander le départ du président Bachar el-Assad, les Etats-Unis ont opéré un revirement spectaculaire en frappant ce même régime syrien. Ces derniers jours, Donald Trump avouait avoir changé d’avis sur la Syrie à la vue d’enfants suffoquant et agonisant de Khan Cheikhoun. Jusqu’à cette nuit, personne ne le prenait vraiment au sérieux.
Se démarquer de Barack Obama
Le passage à l’acte de Donald Trump, comme très souvent depuis son arrivée à la Maison-Blanche, est aussi une manière de se démarquer de son prédécesseur. En 2013, Barack Obama avait laissé Bachar el-Assad franchir la ligne rouge de l’utilisation d’armes chimiques. Après l’attaque de Khan Cheikhoun, Donald Trump avait tenu pour responsable son prédécesseur de ce nouveau carnage chimique.
La frappe américaine, ponctuelle, n’est pas de nature à faire basculer le conflit syrien, dans lequel le régime de Bachar el-Assad a irrémédiablement pris le dessus. La Russie, l’indéfectible allié de Damas, a, semble-t-il, été prévenue quelques instants avant que les missiles américains s’abattent sur la base, où auraient pu se trouver des soldats russes.
L’indignation, certes appuyée par une démonstration de force, ne fait pas une politique. Pour l’instant, la nouvelle administration a été singulièrement absente et louvoyante sur l’inextricable dossier syrien. Il faudra davantage pour résoudre cette guerre et y vaincre le terrorisme, comme l’a déclaré Donald Trump. Car Bachar el-Assad le chimique et ses alliés font preuve d’une tout autre persistance et méthodologie dans la terreur.
Source : www.letemps.ch