Après sa période avec le Super Rail Band de Bamako, Mory Kanté s’établit en 1978 à Abidjan en Côte d’Ivoire où les moyens d’enregistrements sont bien supérieurs alors à ceux du Mali. Il y parfait son envie de mélanger les sons traditionnels avec les rythmes occidentaux, et enregistre en 1981 l’album Courougnègnè. Déjà très connu dans toute l’Afrique de l’Ouest, Mory Kanté prend alors une dimension continentale. En 1984, Mory Kanté décide de partir pour la France et Paris où il devient vite une figure en vue du creuset des musiques du monde qui bouillonne dans la capitale française. Il enregistre cette même année l’album A Paris et commence à tourner dans toute l’Europe.
Le déclic vient en 1985 avec 10 Cola Nuts réalisé avec le producteur David Sancious, ancien clavier du E. Street Band de Bruce Springsteen. Le succès critique est au rendez-vous et l’aura de Mory Kanté ne cesse de grandir pour sa vision moderniste de la musique africaine. Philippe Constantin alors Président de Barclay encourage Mory Kanté à enregistrer le très novateur Akwaba Beach en 1987. Le titre « Yéké Yéké » obtient un succès phénoménal à travers le monde, tandis que Akwaba Beach est classé dans les charts de nombreux pays, mais curieusement pas en France. Mory Kanté reçoit tout de même une Victoire de la Musique en 1988 pour Akwaba Beach.
En 1990, Mory Kanté est au sommet, l’album Touma est enregistré avec la participation de Carlos Santana, tandis que l’artiste guinéen se produit lors d’un concert à Central Park à New York en compagnie de Khaled. Mory Kanté est invité en 1991 à donner un concert lors de l’inauguration de la Grande Arche de La Défense à Paris. Bien qu’enregistré en partie en Guinée, Nongo Village en 1994 est taxé d’exploiter une formule bien rôdée et ne recueille pas les suffrages habituels.
Malgré un désir affiché de revenir à une musique plus traditionnelle, c’est vers l’electro que se tourne Mory Kanté pour Tatebola en 1996. La marche arrière est bel et bien enclenchée et Tamala en 2001 n’arrange rien. Best of en 2002 capitalise une fois encore sur « Yéké Yéké » devenu un classique de la world music. Le retour aux sources a bien lieu avec Sabou en 2004, mais il est trop tard désormais pour Mory Kanté, dépassé en popularité par une nouvelle génération d’artistes africain particulièrement riche et variée. Mory Kanté se consacre alors plusieurs années au centre culturel qu’il crée dans la banlieue de Bamako. Ce qui ressemble à une retraite artistique est rompu en 2012 avec le dynamique La Guinéenne où Mory Kanté montre qu’il n’a pas dit son dernier mot.