Denis Sassou-N’Guesso, président du comité de haut niveau de l’Union Africaine sur la Libye, a rencontré le 23 mars 2017, à Abu Dhabi, aux Emirats arabes unis, le Maréchal Khalifa Haftar, l’un des hommes-clés de la crise libyenne, pour échanger sur l’issue de sortie de crise en Libye.
Une des stratégies qui rentre en ligne de compte de la poursuite de l’accomplissement de la mission à lui confiée par l’Union africaine, afin de sortir la Libye de la crise dans laquelle elle est plongée depuis des années.
Les discussions entre le président du Comité de haut niveau de l’union africaine sur la Libye, et le maréchal Haftar se sont inscrites dans l’esprit et la lettre de la feuille de route édictée par l’Union africaine, lors de la réunion de ce Comité en novembre 2016 à Addis-Abeba en Ethiopie ; réunion à l’issue de laquelle le président de la République du Congo a été porté à la tête dudit comité. Depuis, Denis Sassou-N’Guesso s’attèle progressivement à la mise en œuvre de cette feuille de route, une tâche qui requiert, nécessairement, de disposer d’une fiche complète sur l’état des lieux, en parlant avec toutes les forces en présence.
Les entretiens avec le maréchal Haftar, à Abu Dhabi aux Emirats arabes unis, ont permis à Denis Sassou-N’Guesso de recueillir des informations supplémentaires nécessaires à la poursuite du travail de médiation engagé. Cette énième initiative du chef de l’Etat congolais intervient près de deux mois seulement après la tenue à Brazzaville, le vendredi 27 janvier 2017, d’un sommet du Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye.
La réunion de Brazzaville avait connu la participation de plusieurs chefs d’État, comme Idriss Déby Itno du Tchad, à l’époque président en exercice de l’Union africaine, Mahamadou Issoufou du Niger, Mohamed Ould Abdelaziz de la Mauritanie. Le Premier ministre libyen, Fayez-al-Sarraj, le représentant des Nations unies en Libye, Martin Kobler, ainsi que le commissaire Paix et Sécurité de l’Union africaine, Smaïl Chergui, avaient, eux aussi, fait le déplacement de Brazzaville. À la suite de cette réunion, Denis Sassou-N’Guesso s’était rendu au sommet de l’Union africaine, fin-janvier et début-février à Addis-Abeba, où il en avait exposé les grandes conclusions. On en retient par exemple qu’il avait été décidé d’inclure les pays limitrophes de la Libye dans le Comité de haut niveau, pour unifier les discussions africaines sur cette crise.
Déjà, en novembre 2016 à Marrakech au Maroc, alors qu’il prenait part à la COP22, le président du Comité de haut niveau de l’Union africaine avait, en marge de la grand-messe planétaire sur le climat, reçu, aux mêmes fins, le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj.
Dans ses allées et venues ininterrompues et conformément aux objectifs que l’Union africaine s’est fixés sur le dossier libyen, Denis Sassou-N’Guesso se démène, consulte à intervalles réguliers, entame des négociations directes et indirectes avec les hommes-clés du conflit, discute sans discontinuer des conditions d’une solution politique consensuelle à la crise libyenne, le souci étant de persuader les protagonistes de s’entendre et de s’unir, pour enfin tenter, pourquoi pas un jour prochain, de rassembler les dirigeants rivaux autour de la table du dialogue.
L’Histoire, bien qu’elle permette de décrypter l’actualité, a souvent tendance à se répéter. En tout cas, rien ne vaut le recul, pour tenter de comprendre l’actualité d’une société, ses heures de gloire, ses soubresauts ou ses déchirements.
En effet, au début puis au plus fort de la crise libyenne en 2011, un comité dit des « Cinq », à la mission identique ou presque, avait monté un plan de paix, à l’accomplissement duquel l’Union africaine, qui voulait jouer un rôle majeur dans ce dossier, s’était employée, mais en vain, car elle en avait été malheureusement empêchée.
Le président de la République du Congo, Denis Sassou-N’Guesso, faisait partie de ce « Comité des Cinq », avec ses homologues de la Mauritanie, du Mali, de l’Ouganda et de l’Afrique du Sud. Peut-être ce plan aurait-il pu empêcher toutes les complications que connaît ce dossier aujourd’hui, si le « Comité des Cinq » était parvenu à ses fins, tant l’Union africaine militait pour une approche africaine de la résolution de la crise ?
Pendant ce temps, la situation semble inextricable, l’économie libyenne sombre inexorablement. Le déficit budgétaire (56,6% du PIB en 2016) est l’un des plus forts au monde, et les réserves du pays sont tombées de 111 milliards à 40 milliards de dollars, entre 2011 et 2016, selon le Fonds monétaire international (FMI).
Plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est dirigée par deux autorités rivales, divisée entre deux camps politiques qui se disputent le pouvoir et ne parviennent pas à s’entendre: un gouvernement d’union nationale basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, dont le chef Fayez al-Sarraj, éprouve toutes les peines du monde à asseoir son autorité ; et un parlement siégeant à Tobrouk dans l’est du pays, lié au maréchal Haftar qui vient d’être reçu par le chef de l’Etat congolais.
Le maréchal Khalifa Haftar contrôle le Croissant pétrolier », une région du nord-est de la Libye, où se trouvent quatre principaux sites pétroliers, en l’occurrence Zoueitina, Brega, Ras Lanouf et Al-Sedra. Khalifa Haftar s’est ainsi imposé comme interlocuteur incontournable, les terminaux pétroliers étant indispensables pour faire repartir les exportations d’hydrocarbures. Ces exportations sont vitales pour le financement de l’administration et des services publics, car elles représentent 90% des recettes de l’Etat.
Parallèlement, plusieurs secteurs demeurent sous la coupe de milices rivales, malgré l’accord politique inter-libyen, signé au Maroc en décembre 2015 sous l’égide de l’ONU. Cet accord, qui a permis la fondation du Gouvernement d’union nationale, prévoyait aussi la sortie des groupes armés de Tripoli et des villes libyennes en général.
Au lieu de cela, la Libye continue de s’engluer dans une profonde crise politique. En proie au chaos et à l’anarchie, le pays vit dans un climat d’incertitude et dans une insécurité persistante, déchiré par des rivalités opposant ses différentes milices et tribus, rongé par un climat de terreur permanent, martyrisé par une insécurité chronique, miné par la prolifération de milices armées et de groupes djihadistes.
Dans les conditions actuelles, il est essentiel, pour sécuriser le pays, que les différentes parties affichent une volonté de dialoguer. La solution, pense-t-on à juste titre, est avant tout entre les mains des Libyens et dans leurs cœurs. « Ensemble ils pourront y arriver », comme l’avait souligné Denis Sassou-N’Guesso, lors de la réunion du Comité de haut niveau de l’Union africaine à Brazzaville.
Peu avant sa rencontre avec la maréchal Haftar, le président de la République du Congo a reçu, en audience, Madame BINT EBRAHIM AL HASHIMI, ministre d’Etat, en charge des affaires étrangères et de la coopération internationale des Emirats arabes unis.
MIATOLOKA Boryce Agapyth pour JMI
Correspondant particulier de JMI au Congo
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