Le rapport « Justice, réconciliation et réformes législatives : 3 priorités pour l’État de droit en Guinée » est publié à l’occasion du dialogue interactif sur la situation des droits de l’Homme en Guinée, qui se tiendra le 21 mars à Genève, dans le cadre de la 34ème session du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies.
Il revient tout d’abord sur la lutte contre l’impunité en Guinée à travers les procédures judiciaires dans lesquelles la FIDH et l’OGDH sont constituées parties civiles :
– L’affaire du massacre du stade du 28 septembre 2009 (au moins 157 morts), qui vient de connaître ces derniers jours une avancée remarquée avec l’extradition puis l’inculpation de « Toumba Diakité ». Les associations auteures du rapport accompagnent près de 450 victimes.
– Le dossier des répressions de janvier et février 2007, qui ont fait des centaines
– Plusieurs affaires de torture récentes: escadron mobile de Hamdallaye (2010) et poursuites engagées contre 12 agents de la Brigade anti-criminalité (2016).
L’aboutissement de ces procédures est indispensable pour lutter contre la culture de l’impunité sévissant en Guinée depuis des décennies.
Par ailleurs, le rapport aborde la question de la réconciliation nationale, en partenariat avec plusieurs associations de victimes (1). Inscrite à l’agenda présidentiel depuis 2010, sa mise en œuvre tarde à se concrétiser, alors que la violence d’État a fait des dizaines de milliers de victimes en Guinée depuis 1958.
Le rapport évoque également la réforme en cours du secteur de la justice. Les progrès sont réels, le nouveau code pénal de 2016 ayant permis l’abolition de la peine de mort et la transposition en droit national des conventions internationales auxquelles la Guinée est partie. Cependant, la FIDH et ses organisations membres soulignent l’insuffisante prise en compte de droits des femmes par ailleurs menacés. En outre, elles notent l’urgence à réformer la chaîne pénale, en mettant notamment fin aux détention provisoires illégales.
Enfin, le rapport alerte le gouvernement guinéen sur le projet de nouveau code de justice militaire, qui attribue à des juridictions d’exception une compétence dangereusement étendue. Elles permettraient aux tribunaux militaires de juger des civils, ou de juger les crimes les plus graves commis par des militaires. Ces crimes doivent pourtant relever des juridictions de droit commun, qui bénéficient de garanties d’indépendance et d’impartialité supérieures.
(1) L’Association des victimes, parents et amis du 28 septembre 2009 (AVIPA), l’association des victimes de la répression (AVR), et l’association des victimes du Camp Boiro (AVCB).