Mesdames et Messieurs,

C’est pour moi un grand plaisir de prendre la parole à l’occasion de la tenue de cet important Forum Tuniso Africain « Sfax Pôle de Santé », dans votre très beau pays. Je voudrais avant tout vous remercier pour l’invitation que vous avez bien voulu envoyer à la Guinée.

Au regard des objectifs de cette rencontre, il se présente comme étant un cadre fructueux d’échanges pour développer la coopération sanitaire entre nos Etats. Cela pose naturellement la question de l’articulation entre les opportunités et les besoins. C’est pourquoi, ce forum est une occasion pour moi de vous présenter nos besoins prioritaires.

Mesdames et Messieurs ;

Dans le cadre de l’atteinte des objectifs pour le développement durable en général et dans le domaine de la santé en Guinée en particulier, au cours de ces dernières années, le Gouvernement de la République de Guinée   a fourni d’importants efforts en vue d’améliorer le niveau de vie et l’état de santé de la population guinéenne. Mais l’analyse de la situation sanitaire dans notre pays montre qu’il existe encore de grands besoins à satisfaire.

De nombreuses infrastructures se trouvent en mauvais état et les équipements médicaux sont dégradés et parfois inexistants. Ce qui limite la capacité de prise en charge des structures sanitaires de notre pays.

Notre système de santé reste ébranlé par La survenue de l’épidémie à virus Ebola en mars 2014 qui a entrainé beaucoup de décès parmi lesquels 115 agents de santé ont trouvé la mort et des conséquences incalculables dans tous les domaines. Le pays demeure confronté à de nombreux problèmes parmi lesquels figurent :

  • La haute prévalence de certaines endémiques due en partie au faible développement de la santé communautaire ;
  • La faible disponibilité des produits de santé et des équipements de base pour la mise en œuvre des paquets de services essentiels au niveau des structures des districts sanitaires ;
  • La faiblesse de l’offre, de l’utilisation et de la qualité des prestations dans les structures de soins ;
  • L’insuffisance de ressources humaines qualifiées pour répondre aux besoins de prise en charge aux différents niveaux du système de santé ;
  • La faible mobilisation des ressources financières pour les services essentiels en santé ;
  • La faiblesse de la gouvernance en tant que mode d’organisation permettant d’articuler les différents acteurs du système de santé.

Le Combinaison de l’ensemble de ces effets a conduit le Gouvernement à élaborer un Plan National de Développement Sanitaire (PNDS) à l’horizon 2024 dont les principaux axes sont :

  1. La lutte contre les maladies émergentes et ré-émergentes à travers le renforcement de la surveillance, la réalisation des activités d’Information -Education- Communication, de soins préventifs, curatifs et promotionnels ;
  2. Le développement des ressources humaines avec comme composantes : la formation du personnel, la redistribution des effectifs, la mise en œuvre d’une politique de motivation du personnel et la réorganisation de l’assistance technique dans le secteur ;
  3. L’amélioration de l’offre et de l’utilisation des services dont les principales composantes seront l’extension de la couverture géographique, l’amélioration du niveau d’équipement des établissements de soins, le développement de l’assurance qualité et la promotion des mutuelles ;
  4. L’amélioration de la disponibilité des produits de santé au moyen du renforcement de la Capacité d’approvisionnement de Stockage et de transport des produits médicaux, l’opérationnalisation du contrôle de qualité des médicaments importés ;
  5. Le développement de la couverture universelle en santé par l’augmentation de la contribution de l’Etat et des partenaires, l’accélération de l’opérationnalisation de l’Assurance Maladie Obligatoire, la prise en charge des indigents, le subventionnement des groupes vulnérables comme les enfants, les femmes, les tuberculeux et les personnes vivant avec le VIH.
  6. L’amélioration de la gouvernance par l’adaptation du cadre organisationnel des établissements pharmaceutiques et de soins aux besoins de la population ;

Mesdames et Messieurs,

Ma participation à ce colloque m’a permis de comprendre que la Tunisie a de nombreux atouts entrant dans les axes stratégiques de notre Plan de Développement Sanitaire. Au regard de ces capacités, la Guinée est particulièrement intéressée par un certain nombre de domaines.

  • Le Domaine de la Formation des Spécialistes

Il est question d’appuyer la mise en œuvre du Certificat d’Etudes Spécialisées (CES) qui a démarré dans de nombreuses spécialités. Dans ce cadre, les actions proposées sont :

  • L’envoi de praticiens hospitalo-universitaires de la Tunisie à Conakry pour participer à la dispensation de cours à la faculté de Médecine- Pharmacie et Odonto-stomalogie ;
  • L’octroi de bourses de stages en technologies avancées, aux étudiants du CES ;
  • La participation des cadres tunisiens à la formation en Guinée, des encadreurs du CES, notamment les assistants, les maîtres-assistants et les maîtres de conférences ;
  • L’organisation de stages de perfectionnement en Tunisie pour les encadreurs guinéens.
  • Le Domaine du renforcement de la capacité de prise en charge des hôpitaux nationaux

Au regard des besoins du développement du Centre Hospitalo-Universitaire de Conakry, il est planifié la création de pôles d’excellence, notamment dans les spécialités d’imagerie médicale, de biologie médicale, de la réanimation et de chirurgie générale. A cet effet, les actions souhaitées par la partie guinéenne sont :

  • L’appui à la mise en place d’un modèle de gestion qui accorde une place importante à la responsabilisation des chefs de service ;
  • L’informatisation de structures administratives et d’appui, notamment le bureau des entrées dans sa partie comptable et médicale ; le service de l’information médicale et la pharmacie ;
  • La formation pour rendre fonctionnelles les services de biologie médicale, d’imagerie médicale et de réanimation ;
  • L’appui à la mise en place d’un système de gestion et de maintenance du scanner et de l’IRM qui seront bientôt disponibles dans ce CHU, en vue d’assurer son autonomie de fonctionnement.
  • Domaine du partenariat public -privé

Il est souhaité le développement d’un partenariat entre les secteurs médicaux et pharmaceutiques des deux parties. A cet effet, les actions suivantes sont proposées :

  • L’ouverture du capital des entrepreneurs médicaux guinéens aux partenaires tunisiens ;
  • La Création de Groupements d’intérêt Economique (GIE) entre les structures guinéennes et tunisiennes ;
  • La création de conditions permettant aux grossistes guinéens, à la Pharmacie Centrale de Guinée, de s’approvisionner en produits du domaine pharmaceutique sur le marché Tunisien.

Comme vous pouvez le constater, il existe un espace large de coopération entre nos deux pays. Pour sa part, le Gouvernement guinéen est prêt à ne ménager aucun effort pour que cet espace soit pleinement utilisé dans le cadre d’une coopération sanitaire qui se veut mutuellement avantageuse entre nos deux pays.

Source: Min. Santé