C’est une femme leader révoltée contre les VBG, mais surtout motivée à poursuivre le combat pour enrayer ce fléau, que nous avons interrogée ce lundi 18 septembre, en marge du lancement du forum sur les violences basées sur le genre par le REFAMP (Réseau des femmes Ministres et Parlementaire) dont elle est la présidente. Entretien…

 

JustinMoreI.Info : quels sont concrètement les objectifs de ce forum sur les violences basées sur le genre?

Makalé Traoré : Ce forum est la mise en œuvre des recommandations issues de la conférence régionale sur la capture du dévide démographique, et sur les violences  basées sur le genre et sur la santé de la reproduction, tenue du 7 au 9 décembre  2016 à Conakry. La conférence a abouti à la déclaration de Conakry sur ces questions et un plan d’action en termes de plaidoyer a été élaboré. Donc c’est l’exécution de ces recommandations qui, aujourd’hui se décline à travers ce forum sur l’accélération de l’élimination des violences basées  sur le genre. Aujourd’hui, notre pays se caractérise par les violences sur les femmes, filles, voire les bébés-filles. Cela a atteint un degré inhumain, pourtant  depuis une trentaine d’année plusieurs organisations travaillent sur cette question sur l’ensemble du territoire national. 

JMI : Vous ferez un état des lieux de votre partenariat autour de cette problématique ?

Makalé Traoré : Effectivement, le ministère chargé de la femme travaille et se mobilise contre les violences basées sur le genre, mais nous constatons qu’il n’y a pas de progrès. Alors ce forum va permettre de faire l’état des lieux  avec toutes les parties prenantes, les parties impliquées dans cette lutte. Le diagnostic est clair, on doit identifier ce qui ne marche pas et quels défis, nous avons à relever pour accélérer la lutte contre les violences basées sur le genre. C’est un projet qui va être exécuté dans la région de Kindia, en tant que projet pilote. 

JMI : Quelle stratégie comptez-vous désormais adopter?

Makalé Traoré : Nous allons le faire avec les « Cases de veille » dont la méthode est fondée sur le principe de mécanismes d’alertes précoces  et de réponses rapides. C’est-à-dire qu’au niveau de la « Case de veille », on va regrouper toutes les offres de services liées à la résolution des difficultés et des conséquences des violences basées sur le genre. Une équipe va être déployée sur le terrain pour faire de la mobilisation sociale et de la sensibilisation, pour permettre aux femmes de venir à la «Case de veille », pour rencontrer non seulement les agents judiciaires, mais aussi ceux de la santé, les assistants sociaux et puis l’OPROGEM qui s’occupent de la protection dans ce domaine. Et le tout va être coordonné par le REFAMP, avec une mobilisation à travers la « Case de veille » des femmes de la COFFIG et d’autres partenaires.

JMI : comment va se faire la collaboration entre REFAMP et COFFIG ?

Makalé Traoré : Le Réseau des femmes Ministres et Parlementaire que je préside également, exécute ce projet en partenariat avec la COFFIG, parce que c’est la COFFIG qui a initié le concept de « Case de veille » sur le terrain. Donc la jonction des deux efforts va permettre une coordination du REFAMP, mais une mobilisation sociale de la COFFIG, c’est la conjonction de ces deux efforts qui va permettre vraiment d’arriver à un plaidoyer qui puisse impacter, et une mobilisation sociale qui puisse avoir un impact de haut niveau dans les préfectures ciblées par nos activités. Si cela réussit, ça sera une action innovante qui rentre dans le cadre de la mobilisation sociale et de la réponse immédiate aux problèmes qui sont constatés sur le terrain.

 JMI : Quelles sont vos attentes au terme de ce forum ? 

Makalé Traoré : Nos attentes, c’est à deux niveaux : la première chose, c’est de rapprocher les offres de services des victimes ; deuxièmement, de les regrouper, parce que lorsqu’aujourd’hui la femme est violentée, il faut qu’elle aille à la justice, il faut qu’elle aille à la police, qu’elle aille à l’hôpital. Et elle est victime plusieurs fois, quand elle arrive dans un hôpital, on va lui demander de l’argent au lieu de s’occuper d’elle, alors qu’elle est blessée. Elle arrive à la justice, on lui dit de prendre un avocat, or elle n’a pas les moyens. C’est justement par rapport à ces difficultés rencontrées par les victimes que nous avons jugé nécessaire de regrouper au sein de la « Case de veille » des experts qui vont toute suite répondre aux besoins des victimes.

 

Entretien réalisé par Mamadou Aliou DIALLO et Ibrahima Sory BARRY pour JMI

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