Le doyen du village se rend à la cérémonie du déclenchement de l’ATPC.

D’un pas pressé, Sangaré Karifala, 77 ans, doyen du village, se rend à la place publique, où le chef de district a donné rendez-vous à toute la population pour un important événement. Il s’agit du lancement de la phase du pré-déclenchement, une étape cruciale dans la mise en place du programme ‘’Assainissement Total Piloté par les Communautés’’ (ATPC). Sur la place, un cercle s’est formé autour d’une petite tribune improvisée, pour accueillir la rencontre.

Situé à une vingtaine de kilomètres de Kankan, sous-préfecture de Gbérédou Baranama, la capitale régionale de la Haute Guinée, le village de Boussouran compte 2465 âmes. Il est connu dans la contrée pour son esprit solidaire et son sens de l’honneur. Ce sont entre autres les raisons stratégiques qui ont prévalu à son choix comme village-hôte de l’initiative ATPC.

Cette phase du pré-déclenchement, une étape cruciale dans cette approche participative, est un moment essentiel de dialogue, de discussions positives qui permettent de mesurer le niveau d’intérêt des villageois dans cette dynamique sociale. Pour cela, L’UNICEF a appuyé la formation des facilitateurs ATPC pour qu’ils deviennent des agents déclencheurs, chargés de construire des relations solides avec les communautés. Cette période est utile à la maturation du projet et au constat objectif du comportement des communautés, comme partenaires pour la concrétisation de leurs engagements. La phase de déclenchement de ce jour a été possible, car toutes ses étapes ont été accomplies.

Grâce aux contacts précédents, des « leaders naturels », se sont démarqués quasi spontanément durant le processus, « il s’agit de travailler publiquement ensemble pour résoudre nos problèmes » comme l’explique un des leaders naturels, Elhadj Sori Kouroumah, président du district de Boussouran.

Les femmes de Boussouran s’engagent pour les latrines. 

La mobilisation des populations est grande : sages, femmes, hommes, jeunes et les enfants filles comme garçons, tout le monde est là. Pendant ce déclenchement, les animateurs ont expliqué les avantages et les bénéfices qu’apportent l’utilisation d’une latrine hygiénique ainsi que les inconvénients de la ‘’défécation à l’air libre (DAL). À l’issue d’une longue séance de sensibilisation, par des exemples pratiques, les leaders naturels convainquent les populations.

Le doyen du village s’adresse à la population. 

Ainsi, le doyen du village prend un verre d’eau nimbé de buée et demande « qui veut de cette eau fraiche ? » Partout, des bras se lèvent pour exprimer l’envie de boire…. Mais le doyen poursuit « Attendez ! ». À la surprise générale, il prend une poignée de poussière et plonge sa main dans le liquide qui devient trouble. Et, il se retourne vers la foule et interroge « qui veut encore de cela ? ». Silence général. Désapprobation totale : « Personne ! Personne ! » Crie, la foule. Alors, le doyen enchaine « Voyez-vous, il en est ainsi bien souvent, quand nous ne nous lavons pas les mains… »

Le village dessiné avec ravissement, s’est engagé, dans son ensemble à réaliser des latrines dans tous les ménages, car le constat est vite fait : Boussouran n’en possède presque pas. Suivra une visite environnementale ou « marche de la honte », car consistant à dénombrer les excrétas, etc. dans le village. Ce tour du village s’est terminé par la visite des deux points d’eau du village, dont un non-fonctionnel. Ici, la qualité de l’eau est très mauvaise avec une turbidité élevée et la présence de nombreux éléments chimiques, notent les facilitateurs ATPC de l’ONG RADICOM (Réseau des acteurs pour le développement communautaire de Guinée).

Ce que vit Boussouran est une illustration locale de la mise en œuvre nationale de la stratégie dénommée « Assainissement Total Piloté par les Communautés ». Initiée depuis 2009 en Guinée, l’ATPC a depuis fait ses preuves avec son développement dans toutes les régions, car développée par les communautés elles-mêmes, la clé de la durabilité.

L’UNICEF intervient dans cette commune rurale comme dans 13 autres des régions administratives de N’Zérékoré et Kankan grâce à un financement de l’Union Européenne à hauteur d’un million d’euros, dans le cadre du Projet d’Amélioration du Service Public de l’Eau. Ce projet mis en œuvre en étroit partenariat avec le SNAPE (Service National d’Aménagement des Points d’Eau), concerne environ 300.000 personnes dans la région de Kankan.

Justin MOREL Junior pour l’UNICEF

L’UNICEF oeuvre pour la promotion des droits et du bien-être de chaque enfant, dans 190 pays et territoires du monde entier.

UNICEF Guinée Credit photo: UNICEF/Justin MOREL Junior