La représentation guinéenne d’Amnesty international a procédé ce jeudi 22 février 2018, à l’instar des bureaux des autres pays, où est présente l’organisation, à la publication de son rapport 2017 sur la situation des droits de l’homme à travers le monde.

Le bureau Amnesty de Conakry coordonné par Thierno Souleymane Sow a fait le point devant un parterre de journalistes ce jeudi, sur la situation spécifique de la Guinée.

Dans un contexte de rédaction du rapport marqué en Guinée par le report des élections locales à février 2018 et les spéculations sur une éventuelle candidature à la présidentielle de 2020 du président Alpha Condé ont provoqué, selon les auteurs du rapport, des tensions sociales et politiques.

Selon ce rapport, la liberté de réunion a été mise à rude épreuve au cours de l’année écoulée en mentionnant notamment la mort de 18 personnes et des dizaines de blessés pendant des manifestations. Le report dénonce également l’usage disproportionné de la force par les agents de sécurité pour réprimer les manifestants.

Sur le plan de liberté d’expression, le rapport a relevé la Chappe de plomb qui s’est abattue sur la presse guinéenne en 2017 et qui a remis parfois certains fondamentaux de la liberté d’expression, chèrement acquises en Guinée.

« En février, une journaliste de Radio Lynx FM, Mariam Kouyaté, a été interpellée par des agents de sécurité alors qu’elle enquêtait à Conakry sur les services de santé de l’hôpital Ignace Deen. Comme elle refusait de remettre sa carte de presse et son matériel d’enregistrement, elle a été conduite à un poste de police pour y être interrogée, avant d’être libérée sans inculpation le jour même ».

« En mai, Aboubacar Camara, un journaliste de Gangan TV, a été frappé par des gendarmes alors qu’il filmait une altercation au sujet d’un conflit foncier dans la banlieue de Conakry durant laquelle les forces de sécurité lui semblaient faire usage d’une force excessive. Les gendarmes l’ont contraint à monter dans leur véhicule, emmené à la gendarmerie et relâché un peu plus tard après avoir détruit ses enregistrements » rappelle le rapport.

« En juin, la Haute autorité de la communication a suspendu de ses fonctions pour un mois un présentateur de la radio Espace FM, Mohamed Mara, au motif qu’il s’était montré « insultant » lors d’un débat sur la polygamie diffusé à la radio.

En novembre, l’Autorité a ordonné à la station de radio de cesser d’émettre durant une semaine parce qu’elle avait évoqué le manque de moyens des armées, ce qui était susceptible de porter atteinte à la sécurité de l’État et de saper le moral des forces armées. En juillet, la télévision nationale a suspendu l’un de ses journalistes, Alia Camara, qui avait dénoncé le faible taux de réussite au baccalauréat.

Le feuilleton de Gangan radio et télévision n’est pas passé inaperçu dans ce rapport  » le 30 octobre, quatre journalistes de Gangan TV ont été arrêtés par les gendarmes à Matam, une commune de Conakry, et accusés de diffusion de fausses nouvelles et d’outrage au chef de l’État parce qu’ils auraient propagé des rumeurs annonçant le décès d’Alpha Condé. Trois d’entre eux ont été relâchés quelques heures plus tard et le quatrième a été remis en liberté le lendemain ».

Par la suite, poursuit le document, au moins 18 journalistes qui s’étaient rassemblés à la gendarmerie de Matam en solidarité avec leurs confrères ont été roués de coups par des membres des forces de sécurité, qui ont également détruit leur matériel

Sur le plan législatif et juridique et la peine de mort, une avancée notoire a été obtenue note le rapport avec l’adoption en juin 2017 d’un nouveau code de justice milliaire dont la promulgation tant attendu signifierait l’abolition effective de la peine capitale.

Sur le plan de l’impunité

Le dossier du massacre du 28 septembre, malgré les avancées enregistrées dans l’évolution de la procédure judicaire, tarde à se concrétiser par un procès ; les affaires de Zogota, Womey et autres bavures commises entre 2011 et 2017 viennent relancer le débat sur l’impunité.

Droits en matière de logements

Le rapport rappelle qu’en août 2017, au moins 10 personnes, dont au moins 2 enfants, ont été tuées dans l’éboulement d’une décharge à Dar es Salam, un quartier de Conakry. En septembre, le porte-parole du gouvernement a reconnu un échec des services d’assainissement. Le directeur national du service chargé des actions humanitaires au sein du ministère de l’Administration du territoire avait déclaré, sans aucune mesure préalable de recasement, que les habitants encore sur place devraient être expulsés sans délai en pleine saison des pluies.

Mamadou DIALLO pour JMI

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