Koropara, une sous-préfecture de 34 800 habitants, dont 18 000 femmes, répartie en 20 villages et 9 districts. C’est précisément dans cette localité, située à 70 km de N’Zérékoré-centre qu’il y a eu la dernière résurgence de la maladie à virus à Ebola en 2016. L’année dernière à l’occasion de la fin des opérations de cerclage, l’Ambassadeur de l’Union européenne (UE), Gérardus GIELEN, avait annoncé la rénovation du centre de santé, dans le cadre du Programme d’appui à la santé (PASA) cofinancé par l’UE et l’Agence Française de Développement (AFD).

La promesse fut tenue ! Le jeudi 9 novembre, le nouveau centre de santé de Koropara a été inauguré en présence du Secrétaire général du Ministère de la Santé, Dr Younoussa Ballo, de l’Ambassadeur de l’Union européenne, Gérardus GIELEN, de la directrice adjointe de l’Agence Française de Développement (AFD) Bénédicte Brusset et de Marc Rubin, représentant de l’UNICEF en Guinée.

La cérémonie d’inauguration s’est déroulée sous un accueil très chaleureux des populations ! Une façon pour Koropara de dire merci à l’Ambassadeur de l’Union européenne pour sa médiation auprès des institutions internationales « pour bouter Ebola de Koropara dans un délai record », ont-ils clamé.

La particularité du projet PASA, c’est l’implication des communautés dans la mise en œuvre des activités du programme. C’est ainsi que les communautés locales à travers l’encadrement du Programme d’appui aux Communautés villageoises (PACV) ont été à pied d’œuvre durant tout le processus de rénovation du centre en coordination avec le Ministère de la Santé et l’UNICEF. En effet, les travaux ont été entièrement suivis par le comité local de suivi et de gestion, sous la houlette du conseil communal. Mamoudou Camara, vice-maire, également président du comité de suivi durant son allocation, reviendra largement sur le processus de rénovation : de la formation des membres du comité de santé et d’hygiène, à la révision du plan de développement local pour l’intégration de l’activité de réhabilitation du centre de santé dans le plan, sans oublier la mise en place d’une commission Ad hoc de passation de marché suite à la délibération du conseil communal. Il ajoutera que « les travaux de rénovation ont démarré le 1 octobre 2016 et la réception provisoire a eu lieu le 28 janvier 2017. Tout au long du processus de réalisation des travaux de rénovation, le PACV, le Ministère de la Santé, l’UNICEF, le PASA et les représentants locaux du Ministère de l’Habitat, ont effectué régulièrement des missions conjointes pour s’enquérir de l’état d’avancement des travaux ainsi que du respect du cahier des charges par l’entreprise ».

Le système d’adduction d’eau pour alimenter le centre de santé©Cheikh Keita @UNICEFGuinée

Les travaux de réhabilitation du centre de santé ont coûté la somme de 1 247 090 599 francs guinéens. Trois bâtiments neufs y ont été construits, il s’agit de la maternité, des logements du chef de centre, et de la sage-femme, qui par ce biais restent mobilisables à tout moment pour le bien des populations.

Prenant la parole, l’Ambassadeur de l’Union européenne dira que « cette cérémonie marque l’aboutissement de plusieurs mois de travail acharné conduit par les communautés elles-mêmes depuis le choix des entreprises jusqu’au suivi des chantiers. La Guinée forestière a vécu des moments difficiles avec Ebola, c’est pourquoi les 28 pays de l’Europe ont décidé que vous méritiez un appui. Je suis venu ici il y a un an avec le Ministre de la santé et j’ai promis de revenir à Koropara dans de meilleures conditions. J’ai appris que depuis sa rénovation le taux de fréquentation du centre de santé a augmenté ce qui veut dire que les populations ont repris confiance et je m’en réjouis ».

La santé est un droit indéniable pour les enfants, les femmes et les hommes de la Guinée. En assurant une bonne complémentarité des efforts, la vision de la politique nationale de santé sera une réalité en Guinée.

En marge de la cérémonie d’inauguration, nous avons rencontré des femmes de Koropora très fières de ce nouvel édifice.

Yamou, présidente des femmes du district de la sous-préfecture de Koropara © Fatou Tandiang @UNICEFGuinée

Yamou, est agricultrice, et mère de 6 enfants. Elle est également présidente des femmes du district de la sous-préfecture de Koropara.

Pendant la période Ebola, elle a beaucoup contribué avec les autres femmes de la localité, à mobiliser et sensibiliser les femmes pour lutter contre la maladie. Aujourd’hui, elle est très contente de recevoir ce beau bijou « Ce centre de santé, c’est nous qui l’avons demandé, l’État et ses partenaires nous ont écoutés. Avec Ebola, nous avons trop souffert, c’est pourquoi nous avons demandé à ce qu’il y ait un centre de santé digne de ce nom pour nous permettre de rester en bonne santé. Ce centre représente pour les femmes, un bijou sacré, car avant, pour les accouchements, c’était la souffrance. C’est dans une case que les accoucheuses traditionnelles assistaient les femmes enceintes et ça, c’était très compliqué parce que ces femmes-là n’ont pas les qualifications qu’il faut. Mais aujourd’hui avec ce centre rénové, tout ça, c’est derrière nous ».

Pour ce qui est de l’implication des femmes dans la pérennité du centre de santé, Yamou est catégorique, « nous allons d’abord veiller à la bonne fréquentation du centre, parce que ce centre était notre souhait. En tant que présidente des femmes, je vais mobiliser toutes les autres femmes du village à fréquenter le centre de santé lorsqu’elles sont malades, à prendre tous leurs vaccins lorsqu’elles sont enceintes, et quand elles accouchent, de veiller à ce que leurs enfants soient à jour de leurs vaccins ».

Evelyne Bamou et Marie Pomou ©Fatou Tandiang @UNICEFGuinée

Evelyne Bamou, 19 ans , mère de deux enfants, s’est dite très contente de l’arrivée de la délégation, car ce sont de grandes personnalités, dira -t-elle, qui sont venus aujourd’hui inaugurer leur nouveau centre de santé « avant, le bâtiment était petit, mais aujourd’hui, il y a une extension du centre avec une maternité ce qui permettra vraiment aux femmes de pouvoir accoucher sans problème et cela nous réconforte beaucoup et avec cette inauguration avec autant de personnalités, le nom de Koropara ira très loin ».

A côté d’elle, Marie Pomou, 20 ans . Son deuxième enfant qu’elle porte sur le dos est né dans une case non loin du centre de santé, case transformée provisoirement en maternité lors de la rénovation du centre de santé « Je suis très contente, car maintenant, nous avons un centre où nous pourrons venir nous traiter et d’ailleurs, j’accoucherais volontiers de mon troisième enfant dans ce nouveau centre de santé joli, propre et accueillant ».

Le Directeur de pharmacie centrale de Guinée recevant le lot de medicament. ©Cheikh Keita @UNICEFGuinée

Dans la matinée à N’zerekore, la délégation a procédé, à la remise officielle à la Pharmacie centrale de Guinée, d’un important lot de médicaments et de matériels médicaux d’une valeur de plus de 2 millions d’euros offerts dans le cadre du Programme d’appui à la santé (PASA).

Les femmes de Koropara à la cérémonie d’inauguration ©Cheikh Keita @UNICEFGuinée

L’objectif général du Projet d’Appui à la Santé (PASA) est d’appuyer la République de Guinée dans sa stratégie de réduction de la pauvreté et de contribuer à la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement (4 et 5) relatifs à la santé maternelle et infantile. L’enveloppe globale s’élève à 30 millions d’euros dont 20 millions d’euros sur financement de l’Union européenne (EU) à travers les ressources du 10e Fonds Européen de Développement (FED) et 10 millions sur financement de l’Agence Française de Développement (AFD). D’autre part, afin d’améliorer l’infrastructure des formations sanitaires périphériques, dans un contexte où le système de santé initialement faible a été frappé par l’épidémie à virus Ebola, le projet a soutenu dans une première phase, à travers l’UNICEF, la réhabilitation de dix centres de santé de la région repartis entre les préfectures de Nzérékoré, Beyla et Lola.

Ce projet s’inscrit dans un contexte de système de santé initialement faible et de surcroît, frappé par l’épidémie à virus Ebola de décembre 2013 à décembre 2016.

Fatou Tandiang @UNICEFGuinée