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La secrétaire générale adjointe de la FESABAG, Marie Yvonne Coumbassa a accordé cette semaine à notre rédaction, une interview exclusive au cours de laquelle, elle a dénoncé certaines attitudes négatives des patrons des Banques vis-à-vis de certains travailleurs des entreprises bancaires de la place et de certains membres actifs de la FESABAG. Exclusif !

 Justinmorel.info : Depuis le 29 mai dernier, la FESABAG a déclenché une grève contre les patrons des banques dans le but d’améliorer les conditions salariales des travailleurs des entreprises bancaires, au cours de laquelle, les accords ont été signés. Dites-nous qu’en est-il aujourd’hui ?   

Marie Yvonne Coumbassa : Nous avons signé ces accords dans l’enceinte de la primature devant le Premier ministre et quelques membres du gouvernement vers 2 heures du matin. Nous avons accepté de signer ces accords suite à un coup de fil du président de la République, qui nous a demandé une doléance de suspendre la grève dans l’intérêt des musulmans, suite au mois de ramadan.

A cet effet, nous avons considéré l’intérêt supérieur de la nation et, en plus, les sociétés pétrolières avaient décidé de fermer le lendemain. Nous avons demandé à nos patrons de signer ces accords à 2 heures du matin. Ces accords ont été signés sous une pression. Dans ces accords, nous avons exigé qu’on fasse le point, parce qu’au tour de la table, nous avons constaté que les patrons avaient des griefs contre les syndicalistes. Dans ce point, il était mentionné que personne ne devait être inquiété, ni poursuivi pour fait de grève.

A notre fort étonnement, ce mois-là, nous avons vu des convocations qui tombaient dans les banques privées, pour quelques syndicalistes qui étaient sur le terrain pour fait de grève. Ça a débuté à la Société générale, il y a eu d’abord des sanctions qui sont tombées, soi-disant qu’il y a un des travailleurs de ladite société qui a écrit sur les réseaux sociaux que les Guinéens sont à la merci des Français et des Ivoiriens.

Sur ceux, la direction a dit que notre camarade a tenu des propos racistes, qu’est-ce que ça veut dire raciste ? Pour dire que les guinéens sont à la disposition des français et des ivoiriens, non, ça ne veut pas dire qu’ils sont racistes. Effectivement, c’est ce qui se passe dans nos institutions.

Les étrangers qui sont dans les institutions même s’ils ne connaissent rien, ce sont eux qui sont au-dessus de tout. C’est ce que le jeune a dénoncé, à cause ça, il a été affecté à Dabola. Le premier secrétaire de la communication de la FESABAG a été affecté  à Télimélé, tout simplement parce qu’il communiquait avec les syndicalistes. Lui aussi, il a été victime parce qu’il a reçu une convocation de la gendarmerie de Matam. Ils se sont déplacés de Conakry jusqu’à Télimélé pour aller auditionner notre camarade. Chose qui est très grave.

 Justinmorel.info : Combien de vos camarades sont en difficulté concrètement ?

Marie Yvonne Coumbassa : Aujourd’hui, il y a au moins 9 syndicalistes qui sont convoqués devant la justice pour fait de grève. Où on va ? L’autorité est où ? Nous avons mis une commission en place, qui est partie rencontrer le président de l’Association Professionnelle des Patronats de Banque, Monsieur Manga Fodé Touré, qui est le directeur de la Banque BICIGUI, qui nous a renvoyés vers la Banque Centrale, en disant d’aller rencontrer le gouverneur de la Banque Centrale, c’est lui qui a la solution !Cette commission s’est rendue à la Banque Centrale, le gouverneur nous a promis, mais au moment où je vous parle, rien n’est fait. Les convocations continuent à tomber. Il y a eu des camarades de la BCI qui ont passé trois jours à la justice. Et à la fin du mois les trois jours ont été prélevés sur leurs salaires à tort. Ça ne peut pas aller !! L’acte que les patrons posent aujourd’hui, on ne peut pas céder à ça.

Nous avons appelé l’inspection générale du travail parce que c’est elle qui était la garante des accords qu’on ne respecte pas actuellement. Il ne nous a pas répondus. Si d’ici le 5 octobre, l’Etat ne nous appelle pas, si nos patrons ne nous appellent pas également pour nous adresser un courrier, afin qu’ils retirent leur plainte devant la justice, nous allons fermer toutes les banques, assurances et micro finance de Conakry jusqu’à Yomou ! Après ça, nous allons porter plainte contre nos patrons parce qu’on a été accusés.

 Justinmorel.info : Aviez-vous eu des écarts de langage au cours de cette dernière grève ?

Dans les négociations, c’est l’intérêt des travailleurs qui prévaut autour de la table, nous n’avons manqué de respect à personne! Aucun patron n’a été insulté, aucun n’a été menacé, aucun n’a été inquiété pendant la grève. Et, la grève est vraiment reconnue par la constitution guinéenne. Pourquoi aujourd’hui, on nous empêche de nous exprimer librement ? Pourquoi on nous intimide ?

 

Interview réalisée par Léon KOLIE pour JMI

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