Plus d’une semaine après la reprise des manifestations de rue à Boké, aucune solution de sortie de crise ne semble pointer à l’horizon, car à lire à travers les lignes des différentes interventions des autorités de Conakry au plus haut niveau, c’est un constat d’impasse générale qui se dégage. 

Pendant ce temps, les activités commerciales, minières et routières sont quasiment à l’arrêt, les rues de Boké, barricadées et jonchées de pneus brûlés et  de troncs d’arbres offrent un spectacle de chaos total.

Le paradoxe et la complexité de cette crise réside en une équation à plusieurs inconnues. Dans une région réputée être un fief du parti au pouvoir, désamorcer une crise de cette ampleur, ne se résume pas à déployer 10 pick-up de la gendarmerie ou de la police, pour venir gazer les manifestations et arrêter certains, comme on a l’habitude de le faire à Bambeto ou Cosa… En réalité, la situation est beaucoup plus complexe qu’il n’y parait.

Cependant, le premier enseignement qu’on peut tirer de cette nouvelle crise et de celle d’avril dernier, ce que les Bokékaé commencent à prendre conscience de leur importance capitale dans l’économie guinéenne, et en ont ras-le –bol des promesses fallacieuses qu’on leur tient depuis maintenant sept ans, sur fonds de campagne électorale.

Le second enseignement et qui est sans doute le plus perceptible, depuis le début des mouvements de soulèvement en avril dernier, ce que les populations du Kakandé n’ont pas peur d’affronter le pouvoir, avec une détermination que certains arrivent à peine à comprendre.

Cette détermination justement pourrait s’expliquer naturellement, même si par ailleurs la violence, elle, ne s’explique pas; le fait que cette région qui manque d’infrastructures et de services sociaux de base soit parmi les plus pauvres et précaires du pays alors que, tenez-vous bien, son sous-sol regorge de la moitié des réserves mondiales de bauxite, qui représentent le plus important levier de recettes de l’État, justifie des réclamations quasi quotidiennes dans cette région abandonnée.

Les annonces de financement en milliards de dollars américains, avec comme gage, entres la bauxite de Boké, dont les habitants ploient encore sous les réalités d’une précarité indécente, sont-elles les raison de la hargne qui motive la protestation et la violence ?

Quoiqu’il en soit, avant que cela n’atteigne un point de non-retour, il serait temps que l’État fasse face à ses responsabilités, au lieu de continuer à ramener dos à dos populations et sociétés minières.

Au cas où certains l’auraient oublié, les sociétés minières sont là pour faire du profit tout en s’acquittant des taxes, pas de développer les régions dans lesquelles elles s’installent, il est encore temps de faire face aux vrais problèmes des Guinéens.

Momo SOUMAH pour JMI 

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