Paris, Conakry, le 28 juillet 2017 – A l’issue d’une mission internationale, quatre organisations de défense des droits humains et de défense des victimes appellent les autorités guinéennes à clôturer au plus vite l’information judiciaire sur l’affaire du 28 septembre 2009 au stade de Conakry. Parties civiles, elles demandent à ce que cette clôture ait lieu avant le 8ème anniversaire du massacre, afin de permettre la tenue rapide d’un procès emblématique et trop longuement attendu.Le 28 septembre 2009, au moins 156 personnes ont été tuées et 109 femmes violées lorsque des militaires de la junte au pouvoir ont attaqué le meeting de l’opposition tenu au Stade de Conakry. Bien que qualifié de « crime contre l’humanité » par la commission d’enquête des Nations Unies, ce massacre n’a donné lieu à aucun procès, près de huit  ans après  les faits.

Lors de leur mission de plaidoyer du 24 au 28  juillet 2017, quatre organisations guinéennes et internationale ont rencontré les autorités judiciaires et politiques guinéennes pour leur rappeler l’urgence et l’importance de clôturer dans les plus brefs délais l’instruction judiciaire ouverte depuis février 2010.

Pour ces associations, parties civiles à l’affaire et représentant près de 450 victimes, les derniers actes à poser dans l’instruction, notamment les confrontations entre Toumba Diakité et d’autres personnes inculpées dans le dossier, ne sauraient empêcher la clôture de l’instruction avant le 28 septembre 2017.

« L’instruction judiciaire est aujourd’hui suffisamment complète pour clôturer le dossier au plus vite et ouvrir le procès au plus tard au début de l’année 2018, comme s’y est à nouveau engagé le ministre de la Justice, Cheick Sako, lors de notre rencontre » a déclaré Abdoul Gadiry Diallo, président de l’OGDH.

Pendant la mission, les consultations menées avec les victimes ont permis de montrer l’urgence de la tenue d’un tel procès, alors que nombre d’entre elles sont déjà décédées et que les autres souffrent des séquelles des violences exercées par les forces de sécurité pour réprimer la manifestation le 28 septembre 2009.

« L’État guinéen doit répondre à l’attente de justice exprimée par les victimes. Le procès doit se tenir dans les meilleurs délais afin de leur permettre de tourner enfin cette page oh combien douloureuse et faire leur deuil » a déclaré Madame Asmaou Diallo, présidente de l’Association des victimes, parents et amis du 28 septembre.

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Audrey COUPRIE
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Contexte :

Le 28 septembre 2009, des milliers de personnes s’étaient retrouvées au stade de Conakry pour manifester contre la volonté du capitaine Moussa Dadis Camara, alors chef de la junte du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), de se présenter à l’élection présidentielle. Les autorités avaient envoyé les forces de sécurité pour réprimer les opposants.

Le massacre avait fait plus de 156 morts et plus d’une centaine de femmes avaient été violées par les forces de sécurité de la junte militaire. Des dizaines de personnes sont toujours portées disparues. En février 2010, une procédure judiciaire est ouverte en Guinée. Mais  plus de sept ans après les faits, cette procédure est toujours au stade de l’enquête. 

L’instruction a néanmoins permis d’inculper 14 personnes, dont de hauts responsables politiques et militaires du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD). Parmi les inculpés figurent l’ancien président de la junte: Moussa Dadis Camara, et son ex aide de camp Aboubacar Sidiki Diakité, dit « Toumba ». Ce dernier a été inculpé en mars 2017, deux jours après son extradition du Sénégal vers la Guinée.