Elie Kamano, auto-surnommé le « Général » a passé sa première nuit en garde à vue. Après avoir été entendu sur la marche de protestation contre un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé, qu’il projetait de réaliser sur l’axe Matoto-Palais du peuple, il a été encore « gardé au frais ».

L’artiste n’en est point à sa première. Chanteur contestataire, il est une espèce de « justicier de la chanson guinéenne ». Ses textes dénoncent les tares de la société guinéenne sans tergiverser: corruption, impunité, injustice, incivisme, dérives politico-ethniques,etc.

Depuis le régime de Lansana Conté, il pourfend avec rage tous les tords faits aux populations, souvent brimées par les autorités ou les forces de l’ordre. Il est impitoyable et même téméraire face aux chefs d’Etat guinéens. Il a ainsi eu maille à partir avec chacun d’eux, sans exception, ces dernières années: Lansana Conté, Dadis, Konaté, et maintenant Alpha Condé!

Sa récente arrestation en compagnie de trois de ses compagnons d’infortune, est donc dans sa logique combative. Par ailleurs candidat à la candidature pour la mairie de Matoto aux prochaines communales, Elie Kamano est décidé à se battre sur le terrain politique aussi. S’il n’a pas une légion de militants, ses sympathisants sont par contre nombreux à Conakry et à travers le pays.

Ceux qui l’ont arrêté le savent, c’est pourquoi, en tous les cas, ils ne le garderont pas longtemps. Surtout vu l’aspect hypothétique de cet éventuel troisième mandat, sur lequel le premier concerné, Alpha Condé, ne s’est jamais véritablement prononcé, préférant bien souvent des formules alambiquées du genre: « Le peuple décidera le moment venu ».Et c’est le flou qu’entretient systématiquement le président guinéen qui agite la société civile.

Ceux qui ont arrêté Elie, veulent surtout lui montrer, comme dit, un des témoins de son arrestation: « Ils veulent lui faire comprendre qu’il ne peut pas troubler l’ordre public sans payer. Ce qui est sûr, le pouvoir veut qu’il se tienne tranquille ».  

Les avocats d’Elie Kamano affûtent les armes de leur défense: règne de l’arbitraire, privation de liberté, violation des droits humains. Rien que ça! Eddie Constantine aurait dit: « ça va barder!! ».

Momo SOUMAH pour JMI

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