« Le cœur a besoin de s’épancher, la douleur ensevelie dans le silence est un accroissement de peine » Mirabeau.

Le 4 juillet 1985, quelques mois après la prise du pouvoir par la grande muette, avec le colonel Lansana Conte, le pays a été secoué par de graves et douloureux événements. Une tentative de putsch avec le colonel Diarra Traoré, est déjouée sur fond d’arrestations et de liquidations de civils et militaires.

Lansana Conté était Lomé en mission. Il rentre precipitamment et prononce le lendemain le fameux  »Wo fatara »…

Trente-deux ans après cette sanglante parenthèse, est-il opportun d’évoquer ce triste souvenir ? Au moment où la question de la réconciliation nationale  est diversement appréciée, quelle place accorder à ces événements ?

Parti de la Guinée en septembre 1979 pour des études supérieures en Roumanie, je suis définitivement rentré le 9 août 1985. Exactement trois semaines après les folles journées des 4 et 5 juillet 85. Par la force des choses, quelques années plus tard, j’ai milité dans  des  organisations de défense des droits de l’homme. En particulier, l’OGDH dont je suis membre fondateur.

Cet activisme m’a donc conduit à prendre connaissance de cet épineux dossier du 4 juillet et de celui non moins complexe du camp Boiro. J’ai côtoyé de nombreuses victimes de ces deux situations. Ce qui me permet avec le recul de me faire une religion sur ces deux dossiers.

Dans la perspective de l’anniversaire des événements du 4 juillet 85,  j’avais commencé à réfléchir sur la rédaction d’un article pour évoquer le souvenir de ce drame. Pendant une semaine, j’ai retourné le sujet dans tous les sens sans pouvoir trouver l’angle d’attaque. N’ayant pas directement vécu les faits, il aurait été imprudent et maladroit de ma part d’écrire sans prendre certaines précautions.

De prime à bord très sensible, ce sujet qui traite d’événements qui ont fortement marqué le cours de l’histoire récente du pays méritait d’être traité avec un certain détachement. Mon objectif visait en fait à provoquer un débat constructif pour briser le silence, et conduire à des approches pragmatiques de solutions.

Je considère qu’il n’est pas dans notre intérêt de  maintenir le statu quo sur un pan de notre histoire sans agir. Agir pour rétablir la vérité et surtout contribuer à la réconciliation des fils du pays. En d’autres termes, la démarche ne consiste nullement à remuer le couteau dans la plaie, mais à faire en sorte que nous puissions tous nous regarder les yeux dans les yeux sans aucune haine.

Dans l’optique d’avoir un regard commun vers l’avenir du pays auquel nous appartenons tous quelles que soient nos appartenances politiques. Nous sommes tous des Guinéens en définitive !

Pour en revenir aux événements du 4 juillet 85, j’en ai longuement discuté avec feu Sékou Mady Traoré à la radio Djoliba FM, à la faveur de certaines émissions culturelles que j’animais avec lui. Comme indiqué plus haut, je n’avais pas toutes les pièces du puzzle pour me jeter à l’eau, c’est-à-dire écrire sur le sujet.

Aujourd’hui, je  prends mon courage à deux mains pour  écrire ces lignes. Ecrire non pas pour remuer le couteau dans la plaie,  mais  pour interpeller le chef de l’Etat et la Commission Provisoire de Réflexion sur la Réconciliation Nationale. Sans complexe ni réminiscence, il nous revient d’assumer avec responsabilité notre histoire. Plus le temps passe, plus les rancœurs se durcissent et les positions se figent. D’où la nécessité d’évacuer toutes les tragédies , qui meublent l’histoire de notre pays.

Thierno Saïdou Diakité pour JMI

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